Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LE PHALLUS ET LE POUVOIR toute-puissante, mais sans qu'il soit besoin de lui ajouter un pénis pour cela. Si la fille lui en attribue un, c'est en grande partie parce que, au long des siècles, le pénis a fini par être accepté par les deux sexes comme unique symbole de pouvoir. Mais si, dans le mot « phallus » les mâles peuvent voir réunis le symbole de leur organe sexuel et celui de leur puissance, il ne saurait en être de même pour les femmes. Il ne faut pas confondre l'envie du pénis qui existe chez la femme — comme existe chez l'homme l'envie de l'uté- rus et du vagin — avec le désir de puissance. L'envie du pénis recouvre donc deux aspirations diffé- rentes : l'une est le désir de posséder l'organe génital mâle, désir lié à la bisexualité, ; l'autre est aussi désir d'avoir un pénis, mais non plus en tant qu'organe sexuel cette fois, mais parce qu'il matérialise la puissance, parce qu'il matérialise le phallus. L'envie du pénis existe donc bien chez la femme, mais c'est un processus secondaire et en grande partie réactionnel. Il est impensable que l'envie du pénis soit originelle, ce qui conduirait tout simplement la femme à nier sa propre anatomie, à méconnaître son corps et ce, non par un processus secondaire, mais congénitalement. C'est ainsi qu'il me semble improbable que la fille doive inéluctablement phantasmer son corps comme pourvu d'un pénis, et ce tout simplement — tout naïvement — parce que les femmes ne sont pas des hommes. Il semble absurde de devoir affirmer une telle évidence, mais on y est forcé lorsqu'on lit sous la plume des meilleurs auteurs que, par exemple, le clitoris est un organe masculin. 191

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