Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE phallus est aussi le symbole du pénis, la condensation s'est faite, et, dans nos esprits, pénis et puissance sont confondus. Pourtant, le mot « phallique » désigne bien davantage l'idée de domination que celle de puissance sexuelle, fût- elle symbolique, et il est évident qu'un « phallocrate » n'est pas forcément des mieux pourvus sur ce plan-là. Il n'est que de penser aux nombreux eunuques qui ont détenu la réalité du pouvoir aux côtés de sultans ou de rois faibles, pour constater que les organes génitaux n'ont plus grand- chose à faire là, et que l'on peut fort bien parler d'un eunuque phallocrate, le phallus ayant alors perdu toute référence au pénis pour n'être plus que le symbole de « masculin » et de « puissance ». De même, il me semble que, si nous analysons les ter- mes « mère phallique » ou « femme phallique », nous verrons que c'est la mère vécue comme toute-puissante que nous désignons par ces mots, et non — ou pas forcé- ment — la mère au pénis ; s'il est évident que celle-ci existe bien dans nos phantasmes, ceci n'implique pas que l'expression « mère phallique » doive nécessairement sous- entendre « mère au pénis ». Cela peut fort bien faire référence à la puissance reproductrice de la nature, autre- ment dit à la Grande Déesse. Nous attribuons certes à la Mère Phallique, à la Phan- tasmère, tous les signes de la puissance, et donc le pénis. Ceci est particulièrement vrai pour le garçon, puisqu'un enfant, nous dit Freud, ne peut concevoir sa mère autre- ment faite que lui-même. Pour la fille, il en va un peu différemment, car ce n'est pas à partir de son propre corps qu'elle attribue — ou non — un pénis à sa mère ; pour elle aussi, la Mère est 190
        
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