Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LE PHALLUS ET LE POUVOIR Or, ces Hermès phalliques servaient comme marques de bornage et comme gardiens à l'entrée des portails. On trouve encore de tels gardiens dans certaines églises roma- nes, à Lorch en Allemagne, et à Saint-Rémi de Provence en France, par exemple. On retrouve donc bien la même fonction de marquage du territoire, mais elle est assumée chez les singes par le pénis, chez les hommes par son symbole : le phallus. On trouve toujours, à notre époque, de ces statuettes phalliques, chargées de marquer le territoire : c'est leur fonction aux îles Nias, par exemple, alors qu'ailleurs, elles ont perdu ce rôle de gardiennes du territoire, pour être uniquement symbole de puissance : à Bali, elles sont desti- nées à chasser les fantômes ; au Japbn, elles sont censées maîtriser les forces meurtrières de la circulation automo- bile et éviter les accidents ; en Italie, le « corn » est réputé souverain contre le mauvais oeil. Il y a donc un fil conducteur ininterrompu entre les primates et nous sur ce plan : le singe expose son pénis en érection pour marquer son territoire et affirmer son intention de le défendre, donc affirmer sa puissance. Les Hermès phalliques grecs ont exactement les mêmes fonc- tions de marquage et gardiennage, alors que pour les Bali- nais, les Japonais ou les Italiens, le phallus a perdu sa fonction de marquage et de défense du territoire pour ne garder que sa fonction d'affirmation de puissance. Le phallus est donc le symbole de la puissance mas- culine ; il est facile alors de comprendre comment, les hommes ayant pris le pouvoir, le phallus est devenu non plus seulement le symbole de la puissance masculine, mais le symbole de la puissance tout court. Toutefois, comme le 189

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=