Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE sauce, un symbole du droit d'être, du droit d'exister. Car il est bien évident que lorsque nous attribuons à quelqu'un le qualificatif de châtré, nous attribuons à cette personne, non seulement bien peu de pouvoir, mais, à la limite, une vie si peu affirmée qu'elle en est presque une non-vie, un non-être. Dans son acception courante, le phallus sert à désigner le pénis symbolique, c'est-à-dire qu'il est non point le membre de chair, mais sa représentation, tant artistique ou magique que phantasmatique. Je pense, quant à moi, que « phallus » est symbole de puissance, mais que nous avons tellement pris l'habitude d'assimiler puissance et mâle que le mot phallus a fini par devenir le symbole du pénis par une série d'égalités : phallus = puissance ; puissance = mâle ; mâle = pénis ; donc phallus = pénis. Je crois au contraire qu'au départ, les deux termes n'étaient pas équivalents ; par exemple, le Quillet dit : « Phallus : membre viril, emblème symbolique de la fécon- dité et de la puissance reproductrice de la nature. » Non pas de la fécondation de la nature par un membre viril, mais bien de la fécondité et de la puissance reproductrice de la nature. Or, la nature est sans conteste vécue comme femelle ; aussi, peut-on soupçonner, là encore, un de ces passages du monde matriarcal au monde patriarcal, de la Grande Déesse à Dieu. La puissance, on l'a vu plus haut, était au départ du côté féminin, la fécondité et la puissance reproductrice de la nature étaient femelles. Mais lorsque les hommes ont pris le pouvoir, ils ne pouvaient certes pas laisser un sym- 186
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