Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
INTRODUCTION aux femmes, dès lors que ce qui compte vraiment — la vie religieuse — est réservée aux hommes ? Margaret Mead a étudié avec soin le problème de la ségrégation féminine, et elle montre, preuves à l'appui, que le fait que les sociétés soient matriarcales, matrili- néaires et/ou matrilocales ne change rien à l'affaire quant au rôle des femmes. Pourtant, elle pense déceler quelques « systèmes, très rares, comme celui des Iroquois, où le pouvoir politique était aux mains des femmes, puisque c'étaient les anciennes qui conféraient les titres donnant le pouvoirs». Il faut noter toutefois que si ces femmes avaient un pouvoir politique reconnu — ce qui est plus qu'il n'en existe ailleurs — c'était un pouvoir très limité, en ce sens qu'il n'était le leur que pendant les interrègnes, et que les « anciennes » devaient perdre beaucoup de leur impor- tance au lendemain d'une intronisation. Mais surtout ce qui'arque nettement la discrimination, c'est que, quel que fût dans la réalité le pouvoir des « anciennes », ce pouvoir restait un dépôt temporaire ; ce n'était pas elles qui détenaient la réalité du pouvoir, elles ne l'avaient que pour le confier à des hommes, elles n'en étaient que les gardiennes. Comme le dit E.E. Prithchard dans une conférence faite au Bedford College de Londres en 1955 pour célébrer la mémoire d'une féministe (Mmé Fawcett) : « Dans les sociétés primitives, l'homme détient invariablement l'auto- rité, bien que dans certaines sociétés et dans certaines cir- constances les vieilles femmes puissent aussi l'exercer. Il est des sociétés dans lesquelles l'héritage et les successions 5. Margaret Mead, L'Un et l'Autre Sexe, Gonthier, p. 272. 21
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=