Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE une grande coupable à tenir très fermement en laisse puis- que (hélas ? !) on ne peut l'éliminer à cause de la fonction reproductrice qui lui est attachée. On sait les folles exagérations de l'Occident chrétien à ce sujet, et comment saint Paul en venait à dire que, puisque des choses aussi dégoûtantes devaient avoir lieu, l'état de mariage était encore un moindre mal'. On sait aussi comment nos sociétés monogames répri- ment, non seulement l'adultère, cette pauvre soupape de sécurité, mais encore la sexualité des jeunes, la sexualité des vieux, celle des « anormaux », etc. La justice n'est pas en reste, qui condamne (encore qu'elle se soit assouplie chez nous depuis peu) durement tout ce qui lui semble pervers. Or, ce qui lui semble pervers, c'est à peu près tout, jusques et y compris le fait d'avoir des rapports sexuels dans le mariage, si c'est dans un autre but que la pro- création ; ainsi la loi autorisant la contraception ne date que de 1967 ; mais elle est loin de faire l'unanimité et pourrait fort bien être abolie, par exemple si la dénatalité s'amplifiait. On crut un moment, en découvrant les civilisations dites « primitives », avoir trouvé le bon sauvage, vivant libre et heureux, sans problèmes sexuels. Mais il fallut rapidement déchanter : les réglementations sexuelles des « sauvages » n'ont rien à envier aux nôtres ; elles sont même souvent plus contraignantes, et les incroyables com- plications qui régissent les règles matrimoniales des so- ciétés exogames ont pour effet d'interdire la plupart des femmes à la plupart des hommes et réciproquement. 2. Saint Paul : « Metius est enim nubere quam uri », Mieux vaut donc se marier que brûler. 168

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