Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA GRANDE DÉESSE où des lunes tournent autour des planètes, où la force règne partout et seule en maîtresse de la faiblesse qu'elle contraint à la servir docilement ou qu'elle brise, l'homme ne peut pas élever de lois spéciales 34. » L'homme ne peut donc être le maître que dans la mesure où il est l'esclave de la Nature ; ne peut commander que dans la mesure où il obéit à ses lois. On voit que pour Hitler, la Grande Déesse n'est pas morte. Mais on a pourtant essayé de la détruire, l'homme a voulu soumettre la nature, et c'est cela qui excite la colère, qui exalte la folie de vengeance du Führer : il y a chez lui une dramatique (soixante millions de morts !) confusion entre les problèmes de son enfance, son impossi- bilité de résoudre le Complexe d'OEdipe d'une part, et sa vision du monde de l'autre. Pour lui la Nature — comme la Mère — doit garder toute la puissance ; il faut donc nier à l'homme tout droit de la dominer. Gérard Mendel montre bien comment son conflit avec son Père, jamais résolu, a mené Hitler à désirer la destruc- tion de la raison (territoire paternel) et le triomphe des forces obscures, viscérales (territoire maternel) ; il écrit « Pour la première fois depuis des milliers d'années, il est dit que les tentatives rationnelles de l'homme pour alléger la pression de l'environnement extérieur et intérieur, pour améliorer l'état de choses naturel, sont un leurre voué à l'échec. La mère vengeresse, agressive, mauvaise est plus puissante que le père — que l'homme » Car pour Hitler, ce n'est pas de la « bonne mère », mais 34. Mein Kampf, p. 243. 35. Gérard Mendel, op. cit., p. 224. 163

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