Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE femme de mauvaise vie, destinée à apaiser les appétits sexuels. Aussi, la femme est confinée, est coincée, entre ces deux rôles, Vierge ou Putain : jamais compagne. Je voudrais maintenant verser au dossier de l'histoire de la lutte pour ou contre la disparition de la Grande Déesse quelques-unes des réflexions que fait Gérard Men- del au sujet d'Hitler, car elles me semblent précisément mettre en évidence une résurgence du Culte de la « Grande Mère Toute-Puissante », en plein Xe siècle. Gérard Mendel analyse Mein Kampf et prouve, au moyen du texte lui-même, d'une part l'évidente paranoïa du dictateur, d'autre part l'importance et la puissance des forces inconscientes qui le poussaient à agir. La principale de ces forces est celle qui marque l'allé- geance d'Hitler à la Nature ; mais cette Nature n'est pas une « Bonne Mère » ; tout au contraire, c'est « la Nature qui ne connaît pas l'amour, qui reste impassible, impitoyable, et se montre terrible pour qui essaie d'en- freindre une seule de ses lois : la survie pour le plus fort, la mort ou l'esclavage pour le faible ». Or pour Hitler, la Nature, la Mère nature, doit toujours être la plus forte ; il n'est pas question de la braver, de s'opposer à elle : c'est elle qui fait la loi. Voici ce qu'il écrit dans Mein Kampf : « L'homme ne doit jamais tomber dans l'erreur de croire qu'il est véritablement parvenu à la dignité de seigneur et maître... Il sentira dès lors que, dans un monde où les planètes et les soleils suivent des trajectoires circulaires, 33. Gérard Mendel, La révolte contre le Père, P.B.P., p. 223. 162

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