Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LA GRANDE DÉESSE et d'un de ses patients : « Faisant de sa mère un être asexué, il parvint finalement à se libérer de la charge de l'inceste '° » Car ce qui culpabilise — par la remise en cause de l'interdit de l'inceste — c'est de voir en sa mère un être sexué. Le clivage Mère/Putain permet, au contraire, d'éliminer le danger puisqu'on a alors d'une part la Vierge qui est un être — mais sans sexe, et de l'autre la Putain qui est un sexe, mais non un sujet. Malgré le rejet de la circoncision, grâce au clivage Vierge/Putain, la primauté de Dieu le père n'est donc pas remise en cause, pas plus que la primauté masculine : putain, la femme n'est qu'un objet dont on se sert et donc privée de tout pouvoir : vierge-mère, elle est toute bonté, toute douceur, tout renoncement et sans nul désir de reven- diquer le pouvoir. Ce sera le système de pensée de tout l'Occident jusqu'à nos jours, car même lorsqu'au xne siècle le problème de l'amour sera posé, c'est encore la Vierge qui servira de modèle « Avec Tristan et Yseult, qui glorifie l'amour passion, et qui eut un très grand succès dès son introduc- tion en France, la femme est érigée en absolu " », écrit Jacques Flamant. Ce qu'on lit alors, c'est la Queste du Saint-Graal ou Les Miracles de Nostre Dame. « Là le modèle féminin est celui de Marie, et le restera pour des siècles '. » Encore aujourd'hui, c'est ce modèle qui nous condi- tionne, avec, en contrepoint obligé, la prostituée, la 30. Nunberg, op. cit., p. 227. 31 et 32. Jacques Flamant, « Sexualité et Religion », In L'Homme et la Société, 1970, n° 17, p. 220. 161
        
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