Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Ces deux interdits ont donc une même fonction, rappe- ler que tout retour dans le ventre maternel est prohibé. Comme le dit Herman Nunberg : « Ainsi la prohibition et les commandements se rapportant au rituel alimentaire symbolisent, non seulement la lutte sous-jacente entre le monothéisme et le polythéisme ou le culte du couple mère-fils consorts, mais aussi la prohibition de l'inceste — ce qui est essentiellement la même chose ". » C'est donc à mon sens à partir du moment où la symbo- lique de la circoncision s'est imprimée dans l'inconscient collectif, que la Grande Déesse a été vaincue et la femme infériorisée. Mais si la Grande Déesse a été totalement éliminée, si elle a été définitivement écartée de tout pouvoir, elle n'a malheureusement pas entraîné dans sa chute la Phan- tasmère. Celle-ci, en effet, continue ses ravages et ce, justement, parce que l'agressivité, le désir de mort qui lui étaient destinés se sont trompés de cible et sont allés détruire la femme : l'énergie qui était destinée à diminuer le pouvoir de la Phantasmère a été détournée de son objet par condensation et déplacement, et est allée toucher celle qui n'en pouvait mais : la femme. On ne peut pourtant pas dire que l'échec soit total, car l'infériorisation de la femme a permis, par ricochet, d'af- faiblir quelque peu la Phantasmère, ce qui a rendu possible le choix du père comme modèle d'identification. Et cela est capital en ce sens que si le modèle d'identi- fication, au lieu d'être le père — ou Dieu le Père — avait 27. Herman Nunberg, N.R.P., n° 7, p. 225. 158