Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA GRANDE DÉESSE crois — la circoncision équivaut à une permission de maî- triser le monde, alors on voit mal un peuple aussi proton-. dément misogyne que le peuple juif permettre — par une mutilation symbolique correspondant à la circoncision - à ses femmes d'acquérir un tel pouvoir. Aux trois points de Bettelheim, on peut donc donner chaque fois une interprétation qui indique qu'ils ont pour but le renoncement à la Grande Déesse, c'est-à-dire à la Phantasmère. Car on peut sans aucun doute assimiler la Grande Déesse à cet être tout-puissant qu'est la mère pour l'enfant. La circoncision n'est d'ailleurs pas le seul rite qui mar- que cette répudiation de la Grande Déesse : M. Woolf " voit dans les lois alimentaires juives un commandement de renonciation à la Grande Déesse Mère. Parmi elles, celle qui, par exemple, enjoint : « Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère » doit être entendue comme un rejet des rites d'adoration de la déesse Astarté, car ces rites ordonnaient justement de tuer un chevreau et de le faire cuire dans le lait de sa mère. Cette prohibition biblique représente donc, dit Woolf, « une lutte du monothéisme contre le paganisme, de la foi juive nationale contre les religions de leurs voisins païens " », et il ajoute que l'interdiction vise à détruire le rite matriarcal. Une autre preuve en est le commandement de manger du pain sans levain, séché sur une pierre au soleil : pour Woolf, la cuisson du pain levé dans un four est un symbole de gestation. 25. Cité par Herman Nunberg, N.R.P., n° 7, p. 224. 26. Herman Nunberg, N.R.P., n° 7, p. 224. 157

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