Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LA GRANDE DÉESSE échange, lui offre la conquête du monde, au moyen de la science et de la technique. Ceci est d'ailleurs le reflet de ce qui se passe pour chaque enfant : tant qu'il est un nourrisson, il vit dans un attachement fusionnel avec sa mère ; puis, par crainte de la castration (c'est-à-dire de sa mort en tant qu'être humain autonome qui serait la conséquence d'une fusion prolongée) il renonce à cet attachement ; enfin, vient l'alliance avec son père, ce qui marque la fin du complexe d'OEdipe et l'entrée — après la période de remaniement qu'est la période de latence — dans le monde des adultes. Une autre preuve de la validité de cette façon de voir me semble être précisément le fait que la circoncision ait lieu si tôt : dans la circoncision du huitième jour, le renoncement à la mère n'est pas un choix du sujet, mais un choix de l'adulte, du père, qui l'impose à l'enfant. Or l'interdit est d'autant mieux introjecté, il fait d'autant plus intimement partie du sujet qu'il intervient plus tôt dans la vie : nous savons bien que les toutes premières années de vie sont les plus importantes sur ce plan, et que la circoncision pratiquée plus tard doit être, de ce point de vue, bien moins efficace. Il me semble donc que si la circoncision/subincision des peuples sans écriture est faite pour reconnaître la part féminine de l'homme, la circoncision/castration de la Bible est au contraire destinée à nier toute part féminine D'ailleurs, Groddeck note : « Que l'on considère la particularité du peuple juif : il n'y a pas un peuple sur terre qui soit aussi manifestement masculin. Le refoule- ment du féminin est allé si loin que les Juifs se représen- 155
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