Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA GRANDE DÉESSE En effet, pour la période du septième millénaire, c'est-à- dire celle du second Néolithique ou du Précéramique B, on trouve dans les fouilles des figurines masculines et des figurines féminines. Mais « le stéréotype qui ailleurs ac- centue les hanches de la déesse ne s'y manifeste pas, le sexe féminin ne se reconnaissant qu'aux seins, d'ailleurs assez discrets ; le sexe masculin, par contre, peut être fortement marqué' On est donc passé, en 2 000 ans, des statuettes asexuées aux symboles maternels, puis aux symboles phalliques. Or, les fouilles montrent, une fois de plus, que c'est au même moment qu'on est passé du système chasse/cueil- lette au système élevage/agriculture. Là aussi, il y a eu coïncidence entre la découverte de l'élevage et le passage du culte de la Grande Déesse Mère à celui d'un couple de dieux à prédominance masculine. Le déroulement des opérations pourrait se résumer ainsi : la Grande Déesse est d'abord vénérée seule, objet de culte sous la forme des « Vénus » en Europe, de sta- tuettes aux hanches larges en Syro-Palestine, en tant que créatrice de l'agriculture ailleurs. (Voir page 143 et sui- vantes.) Ces « Vénus » sont la forme première, plastique, de la Grande Déesse car, comme le dit E. O. James, « Il sem- blerait peu vraisemblable qu'il y ait eu un arrêt net de la tradition qui présida à la formation du culte des Vénus, tradition qui devait aboutir au culte de la Grande Déesse. Il est toutefois très improbable qu'à cette époque reculée (Aurignacien moyen et Gravetien, quoique ayant duré jus- qu'au Néolithique) un dieu masculin ait pu jouer un rôle 8. Cauvin, op. cit., p. 64. 141

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