Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE des statuettes asexuées; le culte de la Grande Déesse n'existe pas encore. Mais cela ne va pas durer et, comme en Europe, on va voir apparaître des femelles gravides. En effet, vers les huitième et septième millénaires, la civilisation Natoufienne se développe et donne ce que l'on a appelé le Protonéolithique et le Néo-Précérami- que A. A cette époque-là, l'agriculture proprement dite n'existe pas, non plus que l'élevage ; mais il commence à y avoir un proto-élevage, c'est-à-dire une familiarité plus grande des chasseurs avec certains animaux qui sont leur gibier favori. Au même moment, apparaissent les premières figures nettement féminines ; et leur féminité n'est pas exprimée par les organes de reproduction mais, nous dit Cauvin, « par la partie anatomique qui suggère le mieux l'abon- dance, à savoir la région des hanches ». Il me semble que l'on peut dire que ces statuettes aux larges flancs sont un symbole de fécondité et qu'elles cor- respondent bien aux « Vénus » européennes. C'est là un moment-clé, celui où l'on commence à rendre un culte, ou, tout au moins, à identifier la Déesse Mère. Encore moins d'un millénaire, et, l'élevage instauré, la Déesse Mère va lentement s'effacer pour faire place au phallus. Ainsi, malgré des modalités différentes, les ressem- blances sont pourtant très frappantes avec ce qui se passe en Europe : la Syro-Palestine suit le même chemin, celui qui mène de l'adoration de la Grande Déesse à la recon- naissance, puis à la primauté du père. 7. Cauvin, op. cit., p. 41. 140
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