Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LA GRANDE DÉESSE pourtant que ces deux types de noms remontent en fait à une langue commune plus ancienne. Le premier type, « défini par l'équivalence Artemis/ Ardvî est commun à la Grèce et à l'Iran ; le second, qui paraît dériver d'un original Tanaï/Nanaï, va du monde sémitique à l'Iran et à l'Inde. Ces deux types se laissent ramener à des originaux qui appartenaient sans doute au substrat linguistique antérieur aux langues sémitiques et indo-européennes ». Une autre série de faits linguistiques qui démontrent la diffusion du culte de la Grande Déesse dans l'Ancien Monde est celle du mot indien gonaka, du mot grec kau- nakès, du mot latin gaunacum, qui sont tous issus du mot iranien gaunaca, et qui tous désignent le vêtement de laine touffue et frisée qui est celui de la Grande Déesse. Or, nous savons, également par les Grecs, que le kaunakès s'appelait aussi persis, et se fabriquait à Ecbatane, et qu'il est l'équivalent du zaïmph, le manteau miraculeux de Tanit... Je pense donc que l'on peut tenir pour certaine la diffu- sion du culte de la Grande Déesse, et pour non moins cer- tains son lent déclin et son éviction par un dieu : un exem- ple particulièrement parlant de ce processus de substitution est celui des Danaïdes. Il est évident que le nom « Danaïdes » vient du nom de la Grande Déesse Tanaïs, et d'ailleurs les Danaïdes, avec leurs tonneaux sans fond, symbolisent les sources in- tarissables venues du sein de la Terre, qui sont une des identités de la Grande Déesse. Les Danaïdes étaient donc les filles de la Grande Déesse Tanaïs, chargées par elle de 3. Jean Przyluski, La Grande Déesse, Payot, p. 39. 135
        
                     Made with FlippingBook 
            RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=