Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE comme inférieure elle-même, qu'on peut en conclure que l'infériorité de la femme est réelle. Il est bien vrai que, par rapport à celle des Grands Hommes, la liste des « Grandes Femmes » est courte, et ceux qui pensent que jamais la femme ne sera l'égale de l'homme ont là un argument qui leur semble irréfutable, et le serait si on ne considérait que les faits, sans considérer les causes. Mon premier exemple est celui de cette classe enfantine américaine dans laquelle la maîtresse d'école avait dit que les enfants blonds aux yeux bleus étaient en tout supérieurs aux bruns aux yeux noirs. Dès lors, les bruns commencè- rent à avoir de mauvaises notes et à se montrer désa- gréables. Après un certain temps, la maîtresse changea l'ordre établi, et décréta que les bruns étaient bons élèves, intelli- gents, courtois, etc. Et presque aussitôt, les performances scolaires des bruns montèrent en flèche, alors que celles des blonds descendaient d'autant. On sait bien aussi que le même processus joue chaque fois que s'établissent des différences raciales, que l'opprimé finit par se juger lui-même à travers les yeux de l'oppres- seur, et par se vivre comme inférieur. Mon deuxième exemple s'appuiera donc sur le livre d'Albert Memmi : Portrait du Colonisé, où celui-ci montre comment le colonisateur, pour toutes sortes de raisons, a besoin d'un colonisé inférieur, et comment il arrive à l'inférioriser avec son propre consentement ; comment le colonisé intériorise le portrait d'inférieur que lui montre le colonisateur. Ce qui est exactement ce que font les femmes. Voici ce que dit Albert Memmi à ce sujet : 126
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