Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA PHANTASMÈRE titives fait qu'on écarte de la création artistique, intellec- tuelle, scientifique, la moitié de l'humanité, et, circons- tance terriblement aggravante, ce sont elles qui élèvent les enfants : que peuvent-elles leur transmettre comme héritage culturel ? Il n'est pas facile de changer cet état de fait, car la situation est bloquée par la confusion femme/Phantas- mère, qui empêche quiconque d'envisager sereinement une égalité homme-femme. Pourtant, ce n'est que si cette égalité entre, non seule- ment dans nos lois et nos moeurs, mais aussi dans nos phantasmes, que l'on pourra espérer quelque progrès en débloquant la situation, déjà au niveau du nourrisson. Mais c'est la vieille peur, réactivée en chacun de nous, de la « Grande Déesse », qui vient nous arrêter sur le chemin de la libération. Et ce, bien entendu, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Ceux qui s'étonnent que la femme soit misogyne n'ont pas sérieusement étudié le problème : qu'elle ne le soit pas serait au contraire étonnant. Pour la femme aussi, la Mère de son enfance est toute- puissante, pour elle aussi, la Mère est la Déesse ; à quoi vient s'ajouter le fait qu'on méprise la fillette en tant que femme, que dès sa naissance on l'infériorise, et que mille expériences ont prouvé que lorsqu'on infériorise quel- qu'un, bien souvent (et si c'est un enfant, presque tou- jours) il ne peut se révolter, et se considère lui-même comme inférieur. Je veux ici en donner deux exemples, pour montrer que ce n'est pas parce qu'elle accepte d'accomplir des tâches inférieures, ni parce que bien souvent elle se considère 125

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=