Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE les tâches sans éclat, ou celle qu'on magnifie ? Celle de la réalité, ou celle de leur inconscient ? Je pense, pour ma part, que cette infériorisation de la femme est un symptôme et que, comme tout symptôme, il ne s'est pas créé par hasard, mais qu'il a une fonction et un sens. Sens caché, occulté, et précisément pour cela important. Quel peut être alors le sens de la misogynie (d'où découle l'infériorisation) ? Autrement dit : à quoi sert-elle ? Car je crois qu'elle a — ou plutôt qu'elle a eu — un sens et un but ; qu'elle n'est plus qu'un archaïsme qui subsiste en nous, comme subsistent dans notre inconscient tant de choses refoulées qui viennent troubler notre présent. « On ne naît pas femme, on le devient », écrit Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe'. « On ne devient pas femme, on naît femme », écrit Ernest Jones dans son livre Théorie et Pratique de la Psy- chanalyse où il affirme : « ... je ne vois pas la femme de la même façon que les féministes la voient, c'est-à-dire comme un homme manqué, comme un être toujours déçu et qui lutte, pour se consoler, avec des substituts secon- daires, étrangers à sa nature. En fin de compte, il s'agit de savoir si une femme naît femme ou si elle le devient'. » Pourtant, malgré les apparences, ces deux affirmations ne sont pas contradictoires, car l'une, celle de Simone 1. Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Gallimard, tome II, p. 13. 2. Ernest Jones, Théorie et Pratique de la Psychanalyse, p. 452. 16
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