Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA PHANTASMÈRE Les Noirs n'auraient pas été si durement persécutés aux Etats-Unis si, sous la rationalisation : « ce sont des escla- ves inférieurs » il n'y avait eu : « leur puissance sexuelle est supérieure à la nôtre, ils vont conquérir nos femmes ». [Comme, de plus, dans l'inconscient collectif masculin les besoins sexuels des femmes sont gigantesques, tout concordait. Inconsciemment, bien sûr. Ces gentlemen n'allaient pas dire, ni même penser que leurs chastes épouses, leurs filles immaculées étaient d'effroyables Messalines assoiffées de sexe. Mais toutes les études psychanalytiques révèlent, sous-jacent au racisme, ce thème sexuel.] De même, je crois qu'il y a, comme terreau nourricier, sous l'infériorisation de la femme et son utilisation écono- mique, une crainte panique de la Mère et que « la diminu- tion systématique de la valeur sociale de la femme, succé- dant à la haute estime dont elle avait joui primitivement, apparaît comme une réaction contre la dépendance infan- tile que le fils, devenu père, se refuse à supporter plus longtemps u». Nous arrivons là, à mon sens, à la cause principale, à la cause réelle, à la cause profonde de la misogynie et de l'infériorisation de la femme. Je crois que si chaque être humain, homme ou femme, est misogyne, c'est parce qu'il s'est produit un amalgame entre deux notions bien distinctes : la Mère et la femme. Si la mère (sans majuscule) et la femme sont bien une seule et même personne *, la Mère, en revanche, est 12. Otto Rank, op. cit., p. 101. *. En tout cas pendant une partie de la vie, pour toutes, et même, pour la plupart, pour la vie entière, car une femme — 115

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