Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE hommes — ce n'est pas que ces derniers soient particuliè- rement aptes à les remplir, mais qu'elles soient interdites aux femmes. On voit donc qu'il est, par définition, impossible aux femmes d'avoir des tâches valorisantes, puisque le seul fait que ce soient elles qui les accomplissent les dévalorise. Nos sociétés sont ainsi faites qu'on ne peut pas dire qu'il y ait vraiment des tâches inférieures, mais seulement des tâches infériorisantes, décrétées telles par la société. Pour s'en rendre compte, il n'est que de voir, à l'inverse, combien on magnifie des tâches qui, si elles n'étaient ma- gnifiées, nous paraîtraient ennuyeuses et contraignantes, comme par exemple celles de la Reine d'Angleterre, qui passe beaucoup de son temps à inaugurer des chrysan- thèmes, ou celles de ces P.D.G. qui, après une journée de travail, courent de dîners en réceptions, se dopant pour tenir le coup, tourbillonnant de l'un à l'autre parce qu'il faut se montrer ; si elles n'étaient pas valorisées par la société, qui voudrait de ces activités dépourvues du moin- dre intérêt et, de plus, exténuantes ? Ou encore, imaginons le ramassage des ordures devenu brusquement un travail noble, et les éboueurs grassement payés. Combien de temps faudrait-il pour que ceux-ci soient des êtres de grande valeur à nos yeux ? L'infériorisation de la femme est donc un fait social, et uniquement cela. Mais L. R. Nougier continue : « Dans les couches solu- tréennes apparaissent les premières aiguilles d'os, de fines et merveilleuses aiguilles au chas délicatement perforé... (celles-ci) feraient volontiers croire au début de la grande couture, et à l'affirmation péremptoire d'une activité bien féminine. Rien n'est moins assuré. Ce travail artisanal de 110

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