Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA PLACE DU PÈRE et toujours des modèles d'identification suffisamment bons en eux-mêmes pour servir de point d'appui solide à leurs enfants. Il y avait deux possibilités pour faire reconnaître que les pères étaient plus puissants que les mères ; l'une était que chaque père soit réellement supérieur à son épouse : c'était difficile à réaliser. L'autre consistait à rabaisser les femmes, ce qui était à la fois plus facile et plus efficace, puisqu'en les rabaissant on faisait paraître les hommes plus grands et, en même temps, on rendait les femmes moins terrifiantes. Mais il fallait *que, dans chaque famille, quelque chose vînt confirmer cette supériorité, et c'est pourquoi il était indispensable que « tous les hommes » soient supérieurs à « toutes les femmes », la supériorité de l'homme en gé- néral confortant celle de chaque homme en particulier, de même que la puissance de chaque homme dans son ménage renforçait celle de l'assemblée des hommes. Il fallait cette dpuble supériorité — individuelle et col- lective —, pour arriver à contrebalancer la toute-puissance de la Mère, car sa puissance était (est) pour ainsi dire « naturelle » puisqu'elle lui était conférée par la dépen- dance inévitable du nourrisson. Aussi fallait-il, pour libérer l'enfant — et donc l'adulte — de la toute-puissance maternelle, trouver un contre- poids à cette dernière. Ce contrepoids, ce contre-pouvoir pourrait-on dire, a pris forme une première fois lorsqu'on a découvert que l'homme et la femme étaient tous deux procréateurs, donc égaux. Mais cela n'était pas suffisant : l'égalité du père et de la mère était réelle, la supériorité de la mère était phantas- 105

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