Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE ment au désir de l'enfant, mais répond à son gré, les objets — jusque-là objets de satisfaction — se transfor- ment en dons de sa part « La mère, de symbolique devient réelle et les objets, de réels symboliques 4 ».Ils sont devenus témoignages du don maternel, donc' de sa puissance, qu'ils satisfassent ou pas un besoin. « On invoque souvent l'omnipotence à propos de l'enfant, dit Lacan ; oui, mais c'est l'omnipotence maternelle ; la mère peut donner n'importe quoi à l'enfant, et donc toujours le décevoir 5. » Donc, mère ambivalente qui, par sa seule présence donne tout, et par sa seule absence retire tout ; mais aussi mère toute-puissante qui, quoi qu'elle donne, ne donne jamais le bon objet.] Il me semble donc que chaque individu pour son propre compte, s'il voulait sortir de cette impossible situation, s'il voulait accéder à l'indépendance, devait tuer la Mère, et par conséquent rabaisser sa représentante dans le réel : la femme Est-il donc étonnant que le groupe — qui est aussi, s'il n'est pas que cela, une assemblée d'individus — ait ré- activé sans cesse le besoin de croire à la supériorité du mâle ? Car il fallait au groupe — comme il faut à l'individu - un être surpuissant pour contrebalancer la puissance ma- ternelle. Pour le groupe, ce sera l'assemblée des hommes, déten- teurs du pouvoir, ou un homme, le chef. Pour l'individu, ce sera le Père, modèle d'identification. Il n'est pas évident, toutefois, que les pères soient tous 4 et 5. Jacques Lacan, « La relation d'objet et les structures freudiennes », Bulletin de psychologie, 1956-1957. 104
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