Memento - Les EMI

Donc oui on a une hypothèse neurologique là dessus. On sait que cette région-là est importante pour l’intégration du soi dans le corps et de son corps dans l’espace. Autre hypothèse : le manque d’oxygène. Lorsque la région occipitale qui est très peu irriguée perd de l’oxygène, on a une vision périphérique qui s’obscurcit. En fait, on perd la vision périphérique et cela nous donne l’impression de voir un tunnel. Ensuite, parce qu’une cellule qui manque d’oxygène va s’hyperactiver à un moment donné, il y aura hyper activation et c’est hyper activation qui va donner des flashs lumineux. Et c’est une hypothèse sur l’explication du fait qu’il y a un tunnel et une lumière plus loin. On a aussi regardé dans cette étude-là si le passage du temps avait un effet sur le contenu de l’expérience. Et on a toutes les études de coma anoxique prospectives que j’ai présentées au début ; on a comparé avec un autre groupe de patients anoxiques. Et ce qu’on se rend compte c’est que de manière rétrospective, c’est-à-dire plus de 25 ans plus tard en moyenne, par rapport à la prospective quand c’était les jours qui entouraient le coma, il y a plus de distorsion du temps qui sont rapportées. Les gens vont dire : «les sens étaient plus intenses que d’habitude, augmentés», c’est-à-dire, que les gens vont dire : «ma vision des choses était plus intense» et tout ça. Ce qui est plus rapporté aussi rétrospectivement, c’est un sentiment d’harmonie avec l’univers, le sentiment de compréhension, de comprendre le sens de la vie. Tout ça c’est plus rapporté de manière rétrospective. Et ici, par contre, la rencontre avec les esprits des proches décédés ou des esprits religieux est plus souvent rapportée, en prospectif. Les gens qui ont un arrêt cardiaque, 5 jours après, vont plus souvent dire qu’ils ont vu des esprits que les gens qu’on interviewe 25 ans après. Et ça c’est intéressant, parce que ça démontre, justement que le fait de l’avoir partagé peut-être plus souvent, ou d’avoir attendu plus longtemps avant de partager, cela amène à une reconstruction du souvenir. Et donc l’expérience est de manière générale plus intense de façon rétrospective. On sait que, à chaque fois que l’on se souvient d’un événement, on le reconstruit ; les neurones vont se réactiver, et donc il y a reconstruction de souvenirs avec : comment on se sent dans l’instant présent et ce qu’on a vécu juste avant. Donc on reconstruit toujours, on n’a jamais un souvenir tel quel, jamais. Suite à une question : les gens qui ont vécu une expérience de mort imminente vont souvent dire qu’ils ont des prémonitions ; donc ils vont voir des accidents qui vont se passer ; et ça c’est souvent une source de détresse justement la prémonition. Mais c’est très difficile aussi à mesurer puisqu’ils vont toujours le dire a posteriori : « ah

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