Memento - Les EMI

au moment où l'âme quitte le corps, le poids du corps ne changerait pas un petit peu. Évidemment, personne n'accepterait une recherche pareille dans les bâtiments hospi- taliers de nos jours, ça va sans dire. Or on accepte exactement la même chose, dans le fond, avec la petite variation qui consiste à mettre une cible : au lieu d'étudier le poids du corps, on étudie la perception visuelle de l'âme. Voilà. Jean Michel Abrassart Oui, dans cet article, au passage, c'est vrai que je n'y avais pas du tout songé, mais si on fait cette expérience, c'est vrai que les gens qui organisent cette expérience, c'est parce qu'ils pensent que finalement, notre conscience n'est pas générée par le cerveau ; mais en même temps à l'hôpital, on essaie de sauver le cerveau des gens qui ont un arrêt cardiaque et c'est un peu paradoxal, quoi ; est-ce qu'on a envie d'aller dans un hôpital où il y a des docteurs, enfin... Sébastien Dieguez Oui exactement, et c'est ça qui me choquait vraiment beaucoup quoi. Je n'ai pas réussi à convaincre grand monde avec ça ; on m'a accusé de diverses choses, bon je n’ai pas répondu. J'envisageais d'écrire une réponse aux différentes lettres que j'ai reçues comme ça. Mais ce n'était pas vraiment nécessaire dans le fond, j'ai posé mon opinion comme ça. Bon, voilà, je suppose que des gens l'ont lue et tout. Voilà, quoi. C'est tout à fait ça quoi, l'aspect choquant de l'affaire et dans l'idée que des cliniciens, et des chercheurs pouvaient entretenir l'idée que, dans le fond, la vie humaine, la vie consciente, la cognition humaine pourrait n'avoir strictement rien à faire avec l'intégrité du cerveau. L'intégrité du cerveau, c'est exactement ce qui est en jeu dans un contexte d'arrêt cardiaque. Ça va très vite, vous devez refaire, re perfuser, tout ça. Le cerveau a besoin de sang et l'idée que l'on pourrait entretenir l'hypothèse, c'est-à-dire tester l'hypothèse, si oui ou non, on a besoin de notre cerveau pour percevoir notre environnement physique, elle est absolument incroyable ; et que l'on teste ça dans un hôpital cela paraît vraiment, vraiment très très bizarre quand on y pense. Mais, visiblement, on n'y pense pas vraiment quoi, on dit juste : "Ah oui on va tester ça, on verra bien comme ça" ; mais en fait les implications de la démarche scienti- fique de tester cette hypothèse, elle est invraisemblable quand on y pense. Jean Michel Abrassart Oui, mais moi j'avoue que j'avais lu ton article, à l'époque, et je ne dirai pas que j'avais été convaincu, mais c'est vrai qu'il avait le mérite de soulever des questions et qu’hon-

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